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Discors pour un chantement plaisant

Oyez, oyez, oyez !!! Vos toutes, dames, damoiselle, donzelle, bachelette. Et vous tous, damoizeaux, bons gaultier, damelots et jouvenceaux.

Oyez quelles paroles m’a mandé de vous bailler le chantre prieur du chœur Merlival, Jacques, dit le Grand chevelu :

Moi, Jehan, dit Bas du Luc, héraut du susdit prieur, suis donc porteur du descort qu’avant que notre noble dame Claude de la Verrière, maîtresse de notre canterie nous fasse convoyer de concert sur le requiem de feu de forêt (heu… feu le Fauré) afin de faire belle flambée de sa ténébreuse et funébreuse canchon.

Il n’est point bon d’apporter l’affliction à notre noble chanteresse, de l’amaladir, elle qui, essolée derrière son petiot lutrin, veut quérir votre escoutement, votre esgard et quémande que vous la miraudiez lorsqu’elle vous livre l’amesurement. Avois-vous donc l’effronterie qu’elle montre fâcherie et qu’elle soit marrie que ses amonestements, ses tanceresses soient comme pluie sur dos d’une gallinace ou averses de flèches sur cuirasses de hallebardiers?

En prime, à vos, les tristes sirs de l’arroi des basses, dits aussi les barbeux, les marauds, (Messire Jacques, faut-il vraiment que j’adresse moultes quolibets à ces gens d’honneur ??? Je crains qu’ils ne m’assaillent et m’occisent….) ainsi disais-je : les marauds, les sacs à vin, les débauchés, cessez de vous gausser et de vous déglenger des pauvres errants à votre dextre main. Plutôt que de vous tapir et de cliner vos chefs et vos trognes bigleuses sur vos grimoires, et aussi plutôt que d’y becqueter vos notes tels des coquelets cherchant vermines au sol, tendez votre esgard vers notre Claude qui tournebrouille avec les mains pour donner l’emmesure ; boutez la note jusqu’à plus souffle et ne la laissoient point esbourbeler ou choir en écrolement comme pour l’enfouir comme braises sous la cendre ou comme pisse dans l’urinal. Ne marminoter point ni ne rognognier comme moinillons à patenôtres, mais ouvrez béantes à la note vos gosiers comme pour vider beaux flacons de bon vin.

A vos, les gueux de l’arroi des ténors, dits les boursemolles, les fol-dingos, les besogneux, les ribaux qui rapinez le son de vos voisines à dextre main !!! Cessez de fuyarder, de trouiller et d’accouardir et ainsi de vous folloyer sur des sentes qui ne sont pas vostres. Embaudissez vous et cessez la méprenture. Corne de bouc !!! Au lieu, à la nocturne, de vous esbaudire des ribaudailles et des gasconnades de Patricus Bastianus, ou de Laurentus Ruquierus, rabebolinez et rapetassez les chants jusqu’à potron-minet !!! Morbleu !!!! A mort la fainéance !!! Enroidissez-vous !!! Et ainsi vous cesserez de vous entoueiller et de créer moultes erremances. Soyez un tantet plus hilarieux et matois pour mieux adoucier, tatoiller et eschauffer les fiévrottes dames de notre canterie.

A vous les ribaudes de l’arroi des altistes, dites les gueuses, les paillardes, qui baboiez et fatrouillez assises sur vos quaquetoires : certes vous aussi vous raillez des soucis de vos ténors énamourés mais cessez de les agacier comme pie crieuse ; chantelez leur avec douceur et suivez bien la cantaire. Ne défoillez point ; n’apauvrissez point la note ni la baissez, baisotez la, aplaniez la comme pour accoillir au creux de la main un oisillon. Telles des chardonnerettes voletoyez sur la partition.

A vous les dormeilleuses de l’arroi des sopranes, dites aussi les gourdasses, les lamenteuses. Au lieu de vous frotter le fessard comme sur le coussiège de vos chaudes maisons, rompez votre siestée et dressez vous sur vos gambes afin de déployer vos gorges profondes et afin de porter haut le chant sans ahanner. Vos criements, vos escarguetements n’enhaucent point la note mais l’étrangle haut et court comme coquin au gibet de potence. Ne clopetez point et ne boitillez point sur la cadence : soignez l’entamement et l’agressure au bon tempo ; ne soyez point dolentes. Que le vaporant parfum de votre chant exhale grossement notre âme et que l’ensongement nous ravisse tous et fasse tressaillir aprestement notre esmerveillée étoile du Quercy, Claudine, qui cillette ici derrière son clavechin.

JLM


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